Première édition d'une Estampe Japonaise versus édition tardive : quelles différences ?

Première édition d'une Estampe Japonaise versus édition tardive : quelles différences ?

Il est parfois compliqué de s'y retrouver dans les diverses éditions d'une estampe japonaise, on vous fait ici un point pour mieux comprendre et choisir l'estampe japonaise qui vous convient.  

Dans l'histoire de l'estampe au Japon, art populaire dès son origine, la volonté des éditeurs n'était pas de créer une rareté mais bien au contraire de diffuser les images au maximum. C'est l'éditeur, responsable des tirages, qui était le propriétaire des bois gravés servant à l'impression qui décidait d'une éventuelle réédition.

C'est pourquoi, comme pour tous les arts multiples, on va s'intéresser à la date de l'édition et à l'éditeur lui-même, en n'oubliant pas que ce procédé d'impression artisanal est entièrement manuel ! (Voir ici l'article sur la création d'une Estampe Japonaise)

 

La Première édition 

On parle de la première édition pour celle réalisée du vivant de l'artiste, sous la responsabilité de l'éditeur. Elle est sur le marché, la plus chère et la plus recherchée des collectionneurs. Le sceau de l'éditeur était gravé sur les bois et apparaît donc sur chaque impression. Il faut noter que pour certaines oeuvres, il a pu exister plusieurs éditions du vivant de l'artiste. Lorsqu'une série avait du succès, l'éditeur s'empressait de refaire imprimer des tirages. Parfois même avec des variantes : on peut retrouver une même estampe avec des choix de couleurs assez différents ou même certains détails dans la gravure qui divergent, quand des modifications ont été apportées sur les bois. 

Comme le dit Nelly Delay dans son livre L'Estampe Japonaise, (édition Hazan, 1993) : "Il faut considérer que l'art de l'Estampe Japonaise est un art vivant, né de l'entente et de la coopération de quatre personnes, le peintre, l'éditeur, le graveur et l'imprimeur. Il porte l'empreinte de leurs l'apports subjectifs et de la variété de leurs talents. Ainsi une même oeuvre, éditée dans tel atelier puis repris dans tel autre, subit des variations de couleur, voire des modifications de gravure. "

Il faut retenir que tant que l'artiste supervise les tirages, on parle de première édition. 

Les Éditions tardives 

On les appelle également éditions posthumes, ce sont des tirages réalisés après la mort de l'artiste.

Il faut rappeler ici que dans la fabrication d'une Estampe Japonaise, ce n'est pas l'artiste qui signe le dessin, qui sculpte les bois ou qui se charge de l'impression.  Ces actions demandant des qualités bien spécifiques, sont réalisées par des artisans ayant les compétences nécessaires.

Ces tirages sont toujours de vraies estampes japonaises, de véritables gravures qui ont nécessité les mêmes procédés de fabrication traditionnels. Elles peuvent présenter des variations dans les teintes choisies. Il est important, pour ces retirages, de bien regarder la qualité de l'impression, la finesse de la gravure ainsi que le nom du nouvel éditeur, quand cela est indiqué ; certains éditeurs étant reconnus pour la très haute qualité de leur travail, comme par exemple Yuyudo ou Tanseisha dans les années 1950, ou Adachi aujourd'hui. 

De même, certains graveurs ou imprimeurs sont reconnus pour l'excellence de leur travail et leur nom sont restés connus, et inscrits sur l'estampe, pour celles du début du XXe siècle particulièrement. 

Le sceau de l'éditeur d'origine, étant gravé dans le bois, apparaît toujours, même sur une édition tardive. Quand le tirage provient d'un nouvel éditeur, son cachet peut apparaître dans la marge ou au dos de l'estampe, mais ce n'est pas toujours le cas, ce qui ne simplifie pas la tâche ! Evidemment une édition tardive se reconnaît aussi par le papier, plus récent, les couleurs, et parfois les dimensions qui peuvent diverger de la première édition.

Parmi ces éditions posthumes, on peut distinguer celles réalisées avec les bois d'origine et celles tirées à partir de nouveaux bois gravés. 

- Avec les bois d'origine

L'éditeur a conservé les bois d'origine ayant servi à la première impression, et il continue à faire des tirages à partir de ceux-ci. Parfois même, les éditeurs peuvent se vendre les bois, c'est alors un nouvel éditeur qui se charge de l'impression mais  les bois sont ceux d'origine. Ces retirages auront une valeur plus importante sur le marché que des retirages à partir de nouveaux bois.

- Avec des bois regravés

Lorsque les premiers bois ne sont plus utilisables, ou lorsque qu'un bois est abimé, de nouveaux peuvent être gravés, d'après le dessin d'origine bien sûr. C'est alors l'ensemble du procédé qui est répété ; la sculpture des bois puis l'impression. Ceci existe principalement pour les oeuvres les plus célèbres de l'histoire de l'Estampe Japonaise et demande la virtuosité des artisans graveurs comme des imprimeurs. Dès la fin du XIXe, à l'époque Meiji, de nombreux éditeurs ont réalisé des retirages des oeuvres japonaises les plus emblématiques, sous la forte demande du marché occidental qui découvrait alors l'art de l'Estampe Japonaise. On peut ainsi trouver de nombreuses ré éditions d'oeuvres célèbres réalisées à cette période.

Les éditeurs d'Estampes Japonaises aujourd'hui 

Aujourd'hui encore, quelques éditeurs sont reconnus pour réaliser des tirages posthumes avec une qualité de gravure et d'impression très fine et fidèle à l'oeuvre d'origine. Ils font des tirages de certaines estampes les plus célèbres de Masanobu, d'Hiroshige, d'Hokusai ou de Kuniyoshi entre autres.  C'est avec ces éditeurs que nous travaillons tout comme avec ceux qui ont oeuvré au développement du mouvement Shin-Hanga (renouveau de l'estampe au début XXe), et qui continuent d'éditer certains des artistes de cette époque à partir des bois d'origine dont ils sont propriétaires. Nous sommes très heureuses, à Uchiwa Gallery, d'avoir développé des partenariats avec ces éditeurs et de vous proposer ces estampes de qualité.

En effet, nous faisons le choix à Uchiwa Gallery, de vous présenter des oeuvres anciennes issues de premières éditions mais également des éditions posthumes, ce qui permet d'avoir un large choix de prix à vous proposer, tout en apportant une attention particulière à la qualité des impressions.

C'est pourquoi, vous pouvez lire sur les descriptions qui accompagnent toutes nos Estampes Japonaises : la date de la première édition , et quand il s'agit d'une ré édition, est ajoutée la date de l'édition présentée. De même, sur une édition posthume il est précisé s'il s'agit des bois d'origine ou des bois regravés.

 Combien de feuilles par tirage pour une Estampe Japonaise ?

Question récurrente, elle a en effet lieu d'être mais la réponse ne peut être qu' approximative ! En effet, dans la tradition japonaise, on ne numérotait pas les tirages, et ce jusqu'aux artistes très contemporains. Ce n'est qu'à partir des années 1950-60, que certains artistes, utilisant toujours cette technique de la gravure sur bois, vont commencer à numéroter leurs tirages, comme Nishida, Hajime, ou Takenaka-fu par exemple.

On rappelle que la volonté des éditeurs n'était pas de créer une rareté mais bien au contraire de diffuser les images au maximum, donc pas de numéro sur chaque feuille imprimée permettant de connaître le nombre précis d'un tirage. Les spécialistes s'entendent pour dire qu'il y avait entre 300 à 500 feuilles en moyenne tirées à partir d'un même jeu de bois gravés. ( mais parfois beaucoup plus). Ensuite, les bois usés et gorgés d'encre, ne permettaient plus une impression fine et de qualité. 

Comment la date d'édition influe sur le prix d'une Estampe Japonaise ?

Pour évaluer le prix d'une Estampe Japonaise, le premier critère est bien sûr le nom de l'artiste, comme pour tout oeuvre artistique. Les estampes réalisées par les artistes les plus renommés seront les plus chères. 

Le deuxième élément est la date de l'édition, une première édition est toujours plus chère que des éditions tardives.

Le troisième élément est la finesse de sa gravure et la qualité de son impression. 

Le quatrième critère est l'état de conservation. En effet l'Estampe Japonaise étant un art d'impression, les conditions de conservation du papier, des couleurs et l'absence de détérioration (tâches, trous, traces diverses) sont des éléments prépondérants.

Enfin, la rareté de la série ou de l'oeuvre peut également influer sur la valeur, ainsi que le type de sujet qui va être, selon les moments et les modes, plus particulièrement recherché. Les estampes de fantômes ou de Yokai (esprit du folklore japonais) sont par exemple, très demandées et recherchées mais difficiles à trouver parce qu'elles sont souvent collectionnées. 

A vous de jouer, maintenant, en parcourant le site et l'ensemble des estampes qui vous sont présentées, et n'oubliez pas d'écouter votre coup de coeur, qui reste le premier des critères ! 

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