Estampe Japonaise de Yoshiiku, Contemplation de la Lune d'Automne

Cette magnifique estampe représente deux courtisanes des maisons de thé Nakamura-ya et Masuda-ya profitant de la vue sur la pleine lune d’automne depuis le balcon d’un restaurant luxueux surplombant la rivière Sumida. 

L’atmosphère est paisible, mais non dénuée de mouvement : sur les eaux en contrebas, la vie s’active encore malgré la tombée de la nuit. Des barques glissent, des silhouettes s’affairent — la nuit à Edo (Tokyo) ne dort jamais vraiment. L’encadrement architectural de la scène crée une belle mise en abyme entre l’intérieur raffiné et la profondeur du paysage extérieur, ponctué par le grand pont Ryōgoku.

La composition est d’une grande finesse, mêlant élégance féminine, richesse textile et paysage immersif. Le kimono bleu profond de la courtisane debout, décoré de motifs géométriques raffinés, attire immédiatement le regard. Les cheveux délicatement coiffés, les visages expressifs et la posture gracieuse des deux femmes traduisent le savoir-faire de Yoshiiku dans l’art du bijin-ga. La lumière de la lune se reflète subtilement sur les flots, et la justesse des contrastes entre les aplats sombres du ciel et les détails clairs du balcon donne à la scène une dimension presque cinématographique. La contemplation de la lune d’automne (tsukimi) fait écho à une longue tradition poétique japonaise, entre beauté éphémère et mélancolie douce.

Série des Huit vues du quartier Ryōgoku : Yoshiiku a imaginé cette série comme une variation moderne sur le thème classique des « Huit vues », en ancrant son regard dans le monde vivant d’Edo. Il y dépeint la vie des courtisanes et maiko de différentes maisons closes, leurs sorties au bord de la rivière, leurs contemplations depuis les maisons de thé, ou leurs moments de loisir. Le pont Ryōgoku devient le fil rouge de cette série, un symbole de passage, de rencontre et d’effervescence urbaine. Le cartouche de cette série est agrémenté du dessin du plectre d'un shamisen (accessoire en bois qui sert à pincer les cordes), qui était l'instrument usuel des courtisanes. C'est là qu'est inscrit le nom de la série.

Yoshiiku (1833–1904), élève du grand Kuniyoshi, est un maître de la fin de la période Edo et du début de l’ère Meiji. Il a marqué son époque par ses estampes élégantes mais aussi par son travail de journaliste et caricaturiste. Dans cette série, il témoigne d’un regard à la fois esthétique et documentaire, capturant l’esprit d’un quartier vivant et de ses figures féminines emblématiques. Ses œuvres sont conservées dans plusieurs collections publiques importantes, notamment au British Museum, au Museum of Fine Arts de Boston ou encore au RISD Museum.

Titre : Lune d'Automne à Shin Yanagimachi

Série : Les huit vues du quartier de Ryogoku (Ryogoku Hakkei)

Technique : gravure sur bois

Edition : 1869, éditeur : Kagaya Kichiemon 

Dimensions : 24,6 x 36,3 cm

Conditions : Bel état général, couleurs fraiches et bien conservées. Voir photos.

Avec Certificat d'Authenticité.