Estampe Japonaise de Utamaro Kitagawa, L'Amour qui se rencontre chaque nuit

Très belle estampe représentant une jeune femme tenant dans ses mains une lettre, tout juste sortie de la poche intérieure de son kimono. Son regard intense, son expression calme et son port noble suggèrent l’émotion silencieuse d’un rendez-vous à venir. Le titre de l’œuvre, Yogoto ni au koi — « L’amour qui se rencontre chaque nuit » — laisse imaginer qu’il s’agit d’un message de son amant, peut-être une invitation à une rencontre secrète dans la douceur de la nuit.

Dans cette estampe, Utamaro donne à son sujet un visage d’une grâce contenue, caractéristique de son style délicat. Il accorde une grande attention aux détails réalistes : la finesse des sourcils, les mèches de cheveux rebelles, la pureté de la peau, le raffinement du kimono aux motifs floraux. L’effet poudré du fond uni fait ressortir avec force la coiffure élaborée et les mains fines de la femme. Un détail notable et culturellement significatif : ses dents sont noircies, une pratique appelée ohaguro, signe qu’elle est mariée, fiancée ou appartient au monde des geishas ou des courtisanes. Ce geste d’esthétique et de statut social était courant chez les femmes de rang à l’époque Edo.

L’estampe appartient à la série Anthologie de poèmes : La section de l’amour (Kasen koi no bu), composée de cinq portraits de femmes publiés entre 1793 et 1794 par Jutaya Jûzaburô, l’un des éditeurs les plus prestigieux de son temps. Cette série se distingue par son approche poétique : elle ne représente pas des courtisanes célèbres, mais plutôt des archétypes féminins incarnant différents états émotionnels liés à l’amour. Chaque estampe explore un moment intime : l’attente, la lecture, le souvenir ou l’émotion d’un rendez-vous nocturne. Cette estampe, en particulier, incarne la fébrilité discrète d’un amour régulier, caché mais sincère.

Kitagawa Utamaro (vers 1753–1806) est l’un des maîtres absolus de l’estampe japonaise du genre bijin-ga, c’est-à-dire le portrait de femme. Il a révolutionné la représentation des beautés féminines par son approche expressive, individualisée, subtile. Ses portraits sont présents dans toutes les grandes collections d’art du monde : le MET, le British Museum, le Musée Guimet ou encore le MFA Boston. Cette estampe témoigne de la période la plus raffinée de son art, au sommet de l’époque Edo, lorsqu’il travaille avec son éditeur de prédilection Jutaya.

Titre : L’amour qui se rencontre chaque nuit (Yogoto ni au koi)

Série : Anthologie de poèmes, Section de l’Amour (Kasen koi no bu)

1ère édition : 1793-94, ici réédition datant du XXe siècle sur bois regravés

Format Oban : 26,5 x 40 cm

Technique: Gravure sur bois japonaise

Conditions: Très belle impression

Avec Certificat d'Authenticité.