Estampe Japonaise Kuchi-e de Toshimine, Lavage de printemps

Dans cette estampe d’une grande poésie, Toshimine capture une scène de la vie quotidienne transformée en instant suspendu : une jeune femme accroupie au bord d’un ruisseau sinueux, semble interrompue dans son geste par un appel au loin ou une pensée soudaine. Vêtue d’un ensemble de travail aux couleurs contrastées — rouge vermillon, bleu indigo, vert-de-gris rayé — elle est coiffée d’un simple bandeau blanc qu’elle retient dans sa bouche, le vent l’ayant décoiffé.

À l’arrière-plan, une végétation naissante de printemps, et des montagnes brumeuses esquissées à l’encre légère, contribuent à une atmosphère contemplative et silencieuse. Le panier rempli de linge porté à bout de bras, renforcent l’évocation du labeur rural, mais la posture du personnage, presque songeuse, suggère une intériorité profonde.

Le style se distingue par un dessin souple, des contours fins et des textures délicates. L’estampe mêle réalisme du geste et raffinement décoratif, dans une composition asymétrique où l’espace vide joue un rôle essentiel.

Toshimine (actif fin XIXe siècle), élève de Tsukioka Yoshitoshi, appartient à une génération de dessinateurs de bijin-ga qui s’éloignent de l’idéalisation pure pour introduire une humanité plus simple et émotive. Cette estampe représente une femme ordinaire, ni courtisane ni figure de théâtre, mais sublimée dans l’instant par l’attention portée à son geste, à sa solitude, à son environnement.

Cette image peut être lue comme une évocation de la féminité laborieuse, proche de la nature et de ses cycles, mais aussi comme une forme de portrait intérieur, discret et pudique, propre à la sensibilité de la fin Meiji.

Technique: gravure sur bois japonaise

Titre Harumizu, lavage au printemps

Edition : 1909  par l'Editeur Bungei Kurabu 

Format Kuchi-e : 22 x 30 cm environ

Conditions: Bon état, Papier ancien avec les deux plis caractéristiques des estampes Kuchi-e. Voir photos. 

Avec Certificat d'Authenticité.