Paul Jacoulet, la poésie d'un artiste français au Japon

Paul Jacoulet, la poésie d'un artiste français au Japon

Né à Paris en 1896, Paul Jacoulet a trois ans lorsque ses parents s’installent au Japon. Il y restera jusqu’à sa mort en 1960. En effet, son père professeur de français, enseignait à l'école des Hautes Etudes de Tokyo.

D'une santé très fragile, il reste souvent alité mais il fréquente dés son plus jeune âge les écoles japonaises, il reçoit ainsi la même éducation que tous les petits japonais. Dès l’adolescence, il a un goût prononcé pour le dessin  et il suit l’enseignement de maîtres qui l’initient à la peinture classique de style ukiyo-e.

A la mort de son père, sa mère retourne en France, laissant Paul au Japon qui a alors 25 ans. Elle reviendra en Asie pour s'installer en Corée, c'est lors de ses visites à sa mère que Paul fera ses nombreux portraits coréens.

Il va voyager intensément dans les îles du Pacifique, en Corée puis en Mandchourie, territoires alors sous contrôle japonais. D’abord aquarelliste, il choisit à partir de 1934 la technique de la gravure sur bois comme moyen d’expression principal. Très sensible à la situation des populations des îles de Micronésie et à leur fragilité, il va construire une oeuvre qui dépeint ses habitants, au travers de portraits colorés empreints de mélancolie et d'une grande douceur.

Dans les années 1930, il crée son propre atelier, dans le quartier d'Asakusa à Tokyo qu'il appelle L'institut Jacoulet des estampes et y crée ses premières séries, contrôlant tout le processus de la fabrication de la gravure sur bois. Très vite, ses estampes sont exposées à Tokyo, Osaka, Kobe et Séoul.

Son travail s'interrompt avec la guerre, affecté par le chaos né de l’entrée en guerre du Japon, il cesse de peindre pendant toute la durée du conflit. Fin 1946, encouragé par quelques Américains membres des troupes d’occupation qui vont collectionner ses oeuvres (en particulier le général Mac Arthur), il reprend la production d’estampes et son succès dépasse dès lors le Japon et la Corée pour s’étendre aux Etats-Unis et en Australie. 

Ses œuvres, séries lumineuses de portraits d’hommes et de femmes des pays d’Extrême-Orient et des archipels du Pacifique, y font l’objet de nombreuses expositions. On y découvre une grande sensibilité et générosité, une démarche quasi ethnographique, une sensualité parfois, toujours accompagnée d’une parfaite maîtrise technique. On y perçoit l'influence d'artistes modernes français, en particulier Gauguin, mais également de l'esthétique japonaise et sa poésie particulière pour dépeindre un monde éphémère et fragile. Derrière la beauté d’un monde coloré et souriant, se cache une mélancolie certaine.

Si les Etats-Unis lui ouvre ses portes grâce à des collectionneurs avisés, ses relations avec le pays ne sont pas simples et il est même interdit de territoire en 1946, à cause de son homosexualité assumée, déclarée "indésirable". Mais il continue de voyager et de produire de nouvelles séries de portraits suite à des excursions en Australie, à Singapour, à Tahiti ou aux Antilles. Il meurt en1960, laissant 166 estampes, une vraie oeuvre passionnante à découvrir. 

Bien que considéré au Japon comme un véritable maître de l'estampe, il reste longtemps inconnu en France. Ce n’est qu’en 2011 qu’une première exposition lui est consacrée à la Bibliothèque Nationale de France, suivie, en 2013, d’une autre au Musée du quai Branly, puis à la Maison de la Culture du Japon, en 2016.

Paul Jacoulet reste un artiste singulier, ouvert sur le monde, très attachant dont l'oeuvre est un doux mélange des univers occidentaux et orientaux.

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